Le 17 septembre dernier, j’ai reçu ce communiqué de M. François Lange, par lequel il me fait part de ses commentaires suite à la lecture d’un ouvrage que j’ai présenté et commenté, paru en 2020, sous le titre : Rennes-le-Château à l’époque de l’abbé Saunière (éd. Pégase), publication comportant de très nombreuses illustrations d’époque.
Le commentaire de M. François Lange porte principalement sur le texte de présentation de cette affaire à l’égard duquel il a trouvé matière à réflexion. Rappelons que M. François Lange est l’auteur de deux ouvrages dont l’un publiés en 2 volumes, intitulé : Affaires classées. Le véritable trésor de l’abbé Saunière, éd. Arqa, 2021 ; l’autre, étant un livre collégial, ayant pour titre : Rennes-le-Château, compléments d’enquêtes (2017). M. François Lange intervient également de façon régulière sur le forum “le Rendez-vous des chercheurs”, sous le pseudonyme d’Aronnax.
Nous laissons au lecteur en apprécier tout le sel.
Bonsoir M.Vallet.
Je re-relis votre : Rennes-le-Château à l’époque de l’abbé Saunière et je me rends compte qu’il n’est point besoin d’écrire un pavé de 500 pages pour synthétiser notre belle affaire. Tout du moins son volet « matériel et pécuniaire ».
Cet ouvrage regorge d’informations. Beaucoup de chercheurs autoproclamés sont passés à côté. Si on y ajoute les travaux de Christian Doumergue, Patrick Mensior, Christian Attard, Paul Saussez, Philippe Brunel et Michel Azens, je pense que l’hypothèse du dépôt situé à mi-chemin entre le tombeau des seigneurs et l’entrée obstruée au Nord du plateau est quasiment établie.
Je me permets de vous faire part de quelques réflexions suscitées par le bouquin.
Oui, pour le souterrain dont l’entrée est située au Nord du plateau. Secteur Founbits, ou encore plus haut ? Pour moi, le curé ne devait pas arpenter la campagne sur des kilomètres pour accéder au dépôt et je pense qu’il passait par le mur du cimetière pour s’éclipser discrètement. D’après Josette Barthe, Marie Dénarnaud serait entrée dans le souterrain au moins deux fois. Augustin Fons, le fils spirituel de l’abbé, l’aidera à consolider le tunnel jusqu’à l’effondrement final. Je crois bien que, jusqu’à son décès subit, Marcel Captier continuait à fouiller le secteur.
Dans les archives de Jacques Biehler figure une note indiquant qu’en 1820, la pierre tombale de Marie de Nègre d’Ables fut scellée sur le mur nord du clocher de l’église de RLC. La dépouille mortelle de « Mademoiselle de Rennes » aurait alors été inhumée avec sa mère dans une fosse recouverte par « une dalle sans inscription ». Cela correspond en tout point à la mention de votre livre, la dalle sur le clocher et la stèle par terre.
C’est bien la dalle rectangulaire qui était brisée en son milieu et dont les mesures correspondent au bulletin de la société d’études scientifiques de l’Aude (SESA), qui figurait sur le clocher. Il y a eu erreur de dénomination et inversion des pierres dans le rapport d’excursion. C’est tout. Mon ami René Milon, qui se rendit au cimetière avec Gérard de Sède, m’indiqua y avoir vu un monument funéraire avec une inscription curieuse. Jean-Pierre Monteils et Jean-Claude De Brou m’ont indiqué globalement la même chose.
Pour ce qui concerne le curieux meuble à secret dans lequel Josette aurait découvert des pièces en or, pendant l’Occupation. J’ai formé l’hypothèse, dans mon livre, qu’il s’agissait de statères en or de Philippe de Macédoine ou d’imitations gauloises de ces monnaies. Un vieux compte-rendu de la SESA est venu apporter de l’eau à mon moulin. Malheureusement, je n’ai découvert les articles de la SESA ci-après qu’une fois le livre édité. Cela aurait, sans doute, donné plus de poids à mon argumentaire.
Il s’agit du bulletin du 1er janvier 1870.
Je pense que les pièces en questions étaient bien des statères Volques en or de très bon aloi. L’Or de Delphes peut-être.
Pour en terminer avec cette histoire de « meuble à secret », vous trouverez, ci-après, deux articles parus dans la revue de votre ami Didier Audinot, et qui mentionnent deux découvertes de monnaies anciennes faites dans un meuble à secret, à Barcelone. Il s’agit exactement du même processus. (Trésors de l’Histoire n° 113) :
Un indice qui me laisse à penser que les ennuis de Saunière intervinrent sitôt la nomination de l’évêque Beauvain de Beauséjour , et que cela n’avait d’autre motif que de le contraindre à indiquer la provenance de ses richesses. Je cite intégralement le contenu d’une intervention effectuée sur le site de Jean-Claude De Brou :
« Effectivement, la proximité entre Monseigneur Beuvain de Beauséjour et les Fondi de Niort mérite amplement d’être évoquée dans le cadre de notre affaire. Ne serait-ce que pour risquer une hypothèse… qui sera rapidement battue en brèche, mais, après tout, les forums sont destinés à discuter . L’évêque de Carcassonne célébra effectivement le mariage de Marie-Antoinette Fondi de Niort et de Joseph Maraval le 2 juillet 1907. L’ecclésiastique fut condamné, le 16 juillet suivant, à 50 francs d’amende avec sursis pour avoir célébré un mariage religieux alors que la cérémonie civile n’avait pas eu lieu (en fait, les municipalités étaient en grève ce jour-là et il n’y avait pas d’officier d’état civil pour assurer la cérémonie !!!). Monseigneur de Beauséjour était ami de la famille Fondi de Niort et passait parfois ses vacances chez le père des mariés, Gratien Fondi de Niort, le conseiller général de l’Aude, fervent Catholique et Royaliste militant.
Remontons dans le temps. C’est François Dominique Fonds (né en 1729), coseigneur de la ville de Limoux, qui acheta les droits sur la seigneurie de Niort (et le château neuf) à Marie de Nègre d’Ables, Marquise de Blanchefort, par acte de vente du 15 septembre 1756. La Noble Dame était veuve du dernier Seigneur de Rennes depuis 3 ans.
A la suite de cela, la famille Fonds deviendra les Fonds dit de Niort… puis, Fondi de Niort. Entre 1732, date de son mariage avec François d’Hautpoul et 1756, vente de son domaine de Sault, les propriétés appartinrent donc à la même famille. En ce cas, les documents durent, de fait, voyager entre les deux châteaux.
Imaginons que les archives Fondi aient recelé un document important, “oublié” lors du déménagement de 1756. Quelque chose faisant état d’un dépôt d’objets précieux sur le ressort de RLC… je ne sais pas moi, par exemple un parchemin “avec dessin et malédiction” , comme l’indique fort justement Michel Vallet ce jour même. Alors, les descendants des Fondi de Niort auraient été logiquement autorisés à croire que l’abbé Saunière, au vu des dépenses pharaoniques qu’il avait entreprises pour édifier son “domaine”, avait, peut-être, trouvé quelque chose relevant de ce “secret de famille”.
Et si c’était sur cette “éventualité” que Marcien Fondi de Niort s’était basé pour réclamer 500 francs par ans au curé de Rennes le Château à titre de capitation pour la cause Royaliste ?
Jérôme Choloux., chercheur opiniâtre et sérieux, a mis en évidence, en examinant minutieusement les carnets de correspondances de l’abbé, 6 échanges de courriers entre Marcien Fondi et Saunière entre 1907 et 1912.Il s’agirait de demandes d’argent. En outre, il est fait état d’un “rendez vous à Couiza” entre les deux hommes, le 7 septembre 1906.
En revanche, l’examen des carnets de comptes de Saunière ne fait pas état de dépenses liées à ces demandes. Ce qui laisse supposer que Saunière ne paya pas “l’impôt Royaliste”.
Et là, nous avons, peut-être, une explication quant à l’animosité dont fit preuve Monseigneur de Beauséjour à l’encontre du curé de Rennes(-e-Château et à la hargne qu’il mit pour le perdre.
Alors que le prêtre partageait les mêmes idées politiques que lui et faisait preuve d’un prosélytisme vigoureux.
Imaginons son raisonnement : voilà un pauvre curé qui dépense des centaines de milliers de francs et ne verse pas “d’obole” à la cause Royaliste. D’autant plus inacceptable si son ami Fondi de Niort lui avait fait part de l’origine des fonds du curé, mais révélateur de l’insistance de l’évêque pour que son subordonné justifie de cette origine précisément.
Le “parchemin Maraval”, pour le peu que l’on en connaisse, faisait état d’un trésor Templier transporté dans des souterrains situés sous l’église., mais accessible depuis l’extérieur. Il convient d’être très prudent sur ces allégations, mais elles rentrent en résonance avec l’actualité.
Les Fondi de Niort, puis les Maraval connaissaient manifestement l’histoire, ce qui explique que Gratien ne fut pas dupe des dépenses de Saunière et sut se rappeler à son bon souvenir.. En vain semble t-il . Joseph Maraval, membre de la Société d’études scientifiques de l’Aude comme les Docteur Courrent, Girou et Albarèl, et d’autres, dut évoquer cette histoire également.
Yves Maraval était bien équipé pour se lancer dans ses recherches.
Deux remarques encore : Le passage d’Ezéchiel 21 : 23 à 29 ne m’a pas inspiré. Pourriez-vous m’en dire un peu plus car, dans les versets précédents, on évoque un carrefour de chemins ? Enfin, je pense qu’Achille Igounet et Augustou furent dans le secret. Sans doute y aurait-il des investigations à faire auprès de leurs descendants. Achille devait être en famille avec le restaurateur de Couiza, celui qui reçut les excursionnistes de la SESA, lors de la sortie de juin 1905. –
Nos remerciements à M. François Lange pour ce partage d’idées et de suggestions.
Bonjour Monsieur Vallet.
Je profite de la publication sur votre site du « retour de lecture » de votre ouvrage : « Rennes-le-Château du temps de l’abbé Saunière » pour apporter quelques précisions… et même rectifications, quant au fameux (et fumeux) « Document Maraval » que j’évoque dans le courrier.
J’ai désormais la conviction qu’il s’agit, une fois encore, d’un document très douteux qui aura été opportunément confié (ou vendu) à Yves Maraval, lequel l’aura exhibé et commenté en toute bonne foi, tout en ajoutant un peu plus de confusion dans une histoire déjà bien embrouillée.
En effet, il semble bien, ainsi que vous l’indiquez dans votre ouvrage : « Histoire du trésor de Rennes-le-Château » (page 307), que ce fut l’abbé Mazières qui évoqua le premier le fameux « document Templier », dont le chercheur de la première heure Yves d’Aniort Maraval lui aurait parlé. Le bon abbé Mazières précisant, en outre, que la mère du Comte Maraval lui aurait appris que « dans les archives des Aniort se trouvait un document du Xe siècle, dans lequel était mentionné que « la pierre levée des Pontils regarde aux greniers et aux caves du roi ».
Nous avons eu, par le passé, l’occasion « d’échanger virilement » sur le cas de l’abbé Maurice Mazières… je ne tiens pas à relancer la polémique. Néanmoins, je trouve que cette mention, pour le moins opportune, se rapproche bigrement des quatre mots REDDIS, REGIS, CELLIS, ARCIS (Rennes, Roi, Caves, Château) qui figurent sur la prétendue dalle de la marquise de Nègre d’Ables. Une inscription reportée sur le célèbre « Rapport Cros » que nous savons, désormais, être l’œuvre de… Maurice Mazières. C.Q.F.D
Par la suite, Yves Maraval aurait présenté le document à plusieurs personnes, au cours d’un repas au « Restaurant de la Tour » d’Henri Buthion, et en aurait « confié » une partie à un certain Sorieul, qui était un journaliste canadien. Le document ne fut pas rendu à Yves Maraval. Jean Pellet, qui avait eu le document en main (en même temps que Gérard Dutriat), en aurait profité pour le « recopier de mémoire ». Je ne veux pas manquer de respect à feu Jean Pellet, mais c’est quand même la deuxième fois qu’il nous indique avoir «recopié de mémoire » un document pour le moins « curieux » ; le premier étant le mystérieux manuscrit dit du « Sot Pêcheur » et, heureuse coïncidence, Henry Buthion et Gérard Dutriat étaient déjà de la partie.
Ce que je pense, c’est que le « Document Maraval » est – encore – un témoignage éloquent du sens de l’humour et de l’esprit taquin du trio Henri Buthion / Gérard Dutriat / Jean Pellet qui, brillamment inspiré par les apocryphes de l’abbé Maurice Mazières, se sera offert une bonne partie de rigolade au dépens du Comte Yves d’Aniort Maraval.
Jean Pellet avait précisé à Jacques Biehler, dans un courrier du 7 novembre 1968, que le « Document Maraval » était daté de 1731 et faisait référence à un « dépôt Templier ».
Dans une lettre du 8 avril 1996, Gérard Dutriat indiquera à M.Biehler que ce même document était « la copie d’un original Templier catalan narrant l’enfouissement du trésor de Jacques II d’Aragon ».
Le croquis que Jean Pellet exécuta « de mémoire » ressemble fort au plan du donjon d’Arques… situé non loin du menhir des Pontils.
Bref, je pense qu’au vu des divers noms des « chercheurs » cités supra… l’authenticité du « Document Maraval » peut être largement remise en question.
Je recommande la lecture du livre : « Rennes-le-Château au temps de l’abbé Saunière » (Éditions Pégase) à tous ceux qui sont intéressés par le « cœur de cible » de notre affaire. Pas de sensationnel, par d’Arche d’Alliance ni de tombeau de Jésus… que du sérieux, de l’argumenté et du référencé, avec quelques pépites ( et pistes de recherches) glissées ça et là, dans le fil de l’ouvrage. Pour 14 euros on renoue avec la véritable énigme et, par les temps qui courent et les fantasmagories qui volent sur la Colline Envoûtée, cette lecture n’est décidément pas superflue.
Bien cordialement
François Lange