Paru en 2018, je n’ai fait l’emplette de ce livre que récemment. Je l’ai lu.
Frédéric Pineau n’est pas un inconnu. Il est déjà l’auteur de deux ouvrages, dont l’un est composé de trois volumes écrits avec son ancien complice de l’époque, Gérard Lacoste. Je me souviens avoir acheté le 3ème tome de son Tombeau de Virgile chez l’éditeur.
Dire que j’ai lu avec gourmandise ses écrits précédents, c’est beaucoup dire. J’ai tout de suite été rebuté par la complexité des développements et par cette façon d’aller piocher des indices un peu partout, en archéologie, en astronomie et dans les mathématiques.
Son problème, c’est qu’il part d’un postulat incontournable : il y a un secret, il suffit de le découvrir. Aucune analyse des personnes (Boudet, Saunière), rien sur leurs parcours. Tout est évident.
Il se plaint ensuite du fait que les chercheurs n’ont jamais relayé ses investigations et que la Drac n’ait tenu aucun compte de ses arguments, lui refusant systématiquement toute autorisation de fouilles.
Il est vrai que ses conclusions sont particulièrement audacieuses : le trésor des Templiers (l’or du Bézu !) se trouverait dans le petit lac de Bouchard, sur le territoire de la commune de Camps-sur-l’Agly. Pas une once documentaire pour étayer une telle hypothèse, sinon une combinaison astro-mythologique. Saunière aurait tout simplement plongé dans le lac pour en retirer des lingots d’or !
Tisser un tel scénario, c’est ignorer ce qu’est l’archéologie lacustre. En pareil cas, il aurait fallu au Curé de Rennes d’être en mesure de se débarrasser d’au moins 4 à 5 mètres d’épaisseur de limon, puis de laisser reposer pendant une semaine pour avoir une quelconque visibilité. Ensuite, trouver l’emplacement précis du dépôt, ce qui n’est pas loin de constituer un des sept travaux d’Hercule ! N’oublions que nous sommes en 1900 et la plongée n’est pas l’agrément qu’il est devenu un demi siècle plus tard…
Je reconnais à M. Pineau la foi du charbonnier et le félicite pour son opiniâtreté. Sans doute, ces livres sont comme autant de fin de cycle, mais son erreur est de croire qu’un secret n’est ténu que parce qu’il est complexe. Alors que, le plus souvent, c’est notre ignorance qui nous fait voir des mystères là où il n’y en a pas.
Frédéric Pineau, Le code Saunière, Edilivre éd., novembre 2018