Pari réussi pour un enjeu aussi formaté : parler du crâne percé de l’église de Rennes-le-Château. Synopsis de compréhension.
Fin mars 1956, un petit groupe de chercheurs venus de Carcassonne procédèrent à différents sondages dans le domaine de l’abbé Saunière, le cimetière et l’église. On sait qu’ils découvrirent au bas des marches du choeur, une sépulture contenant un squelette mêlé à de la chaux. Ils avaient été guidés par Antoine Fagès, qui avait participé aux travaux dans l’église à l’époque de l’abbé Saunière.
Ce que l’on ignora pendant près de quinze ans, c’est que l’un de ces chercheurs, le docteur André Malacan, avait gardé, par devers lui, sans en référer à Etienne Delmas, maire de Rennes-le-Château, le crâne trouvé dans cette tombe.
Au décès du docteur Malacan, survenu en 1997, cette relique, conservée dans une boîte à chapeau, fut emportée à Paris.
Le hasard voulut qu’en 2002, le petit-fils du défunt, M. Julien Saddier, rencontre opportunément M. Germain Blanc-Delmas, fils adoptif de l’ancien maire de Rennes-le-Château.
Déjà, en 1970, un article de presse avait mis en alerte M. Germain Blanc-Delmas quant au fait qu’un des chercheurs de 1956 avait subtilisé un crâne trouvé dans l’église de Rennes-le-Château.
M. Saddier proposa à son interlocuteur le retour du crâne, y mettant cependant quelques conditions. M. Germain Blanc-Delmas, ne souhaitant pas agir en son nom, en référa à M. Jean-François Lhuillier, alors maire de Rennes-le-Château. La procédure de restitution exaspéra M. Lhuillier qui fit échouer les tractations. Tout ce que consentit M. Saddier fut de remettre à M. Germain Blanc-Delmas, à titre privé, le crâne pour étude.
Non sans difficultés, notre récipiendaire prit contact avec le docteur Zammit, anthropologue audois. Au final, l’ancienneté du crâne fut fondamentalement admise. Il correspondait à celui d’un homme de cinquante ans environ, robuste et de stature élevée. Sa dentition était de bonne qualité. Quant à la fameuse entaille visible au niveau de la voûte pariétale, le docteur Zammit est d’avis qu’elle ne correspond pas à une trépanation, mais bien à un coup porté à l’aide d’une arme dite d’hast (arme blanche en fer emmanchée au bout d’une hampe).
En l’absence d’une analyse scientifique, rien n’autorise à fixer une date d’antériorité. Le livre de M. Germain Blanc-Delmas fut publié en 2010 et l’auteur en était là de ses interrogations.
Désormais, deux articles de presse de la Dépêche du Midi, l’un paru le 30 juin 2014; l’autre, le 6 juillet 2015, nous permettent d’en savoir davantage.
Il semble que les choses se soient accélérées en 2013. Intervenant dans le processus de restitution, la direction régionale des affaires culturelles mit en demeure le détenteur du crâne de ne plus le conserver indument. Finalement, il fut remis au curé de Quillan le 22 mai 2014, qui le fit porter à la mairie de Rennes-le-Château.
Quelques mois plus tard, soumis à l’expertise du Carbone 14, il s’avéra que ce crâne correspondait à celui d’un individu qui mourut entre 1281 et 1396. Pour avoir été déposé dans un tombeau pratiqué dans l’allée centrale de l’église, il fallut que ce soit celui d’un personnage distingué. On a évoqué quelques noms parmi la lignée des seigneurs de Voisins. Mais, rien n’est moins sûr.
Pour l’instant, le crâne est dans un coffre. Au regard de son historicité, le maire actuel, M. Alexandre Painco, envisage sérieusement de lui donner une place de choix dans le musée du Presbytère.
Germain Blanc-Delmas, Le crâne percé d’un trou de Sainte Marie-Madeleine de Rennes-le-Château, édité par l’auteur; 2010.