C’est une lettre écrite par l’abbé Boudet, retrouvée par Michel Azens, dans le fonds de l’Institut de France, publiée dans son livre Rennes-le-Château, voyage au centre de l’affaire (2014), qui a permis de prendre la mesure des liens qui existaient entre le curé de Rennes-les-Bains et les milieux légitimistes du Sud-Ouest de la France. C’est, en effet, sur les conseils de Joseph Du Bourg, premier secrétaire du comte de Chambord, que l’abbé Boudet adresse un exemplaire de sa Vraie langue celtique. à Antoine d’Abbadie, riche scientifique et distingué linguiste.
Or, comme le signale Michel Azens, l’épouse de Joseph Du Bourg, Marie-Anne Françoise-Caroline-Joséphine de Maistre, était la descendante directe du comte de Maistre, père de Joseph de Maistre, philosophe, franc-maçon et auteur des Entretiens de Saint-Pétersbourg, copieusement cités par l’abbé Boudet dans son livre paru en 1886.
Dans le même temps, il fait état d’une importante correspondance entre le Conseiller Valentin Du Bourg, ascendant de Joseph Du Bourg, et Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), celui que l’on nomme parfois le Philosophe Inconnu.
Cette correspondance, Robert Amadou (1924-2006), qui s’est distingué pour ses travaux sur le martinisme et le soufisme, l’a eu entre les mains au milieu des années 1970.
Dans un numéro spécial de la revue l’Initiation (4e trim. 1977), il décrit le long et chaotique parcours des archives Du Bourg, parfois ponctionnées, détournées, au gré de ceux à qui l’on en avait confié la garde. Robert Amadou a pu identifier pour le moins cinq lieux où ces archives ont été déposées :
A l’hôtel Du Bourg, 6 Place Sainte-Scarbes, à Toulouse; aux Archives municipales de Toulouse; à la Bibliothèque municipale de Toulouse; aux manoir Du Bourg, à Saint-Georges de Luzençon et, enfin, aux Archives départementales de la Haute-Garonne.
Mais il faut croire que, nichées dans les collections publiques, cela n’a pas suffit à leur assurer une vieillesse apaisée.
En effet, en 2008, voulant s’assurer de la présence de la pléthorique correspondance entre Louis Claude Saint-Martin et le conseiller Du Bourg, Xavier-Cuvelier Roy, préparant un ouvrage sur Le “Philosophe Inconnu”, reçut cette réponse des Archives municipales de Toulouse :
Les lettres autographes de Saint-Martin ont été volées dans les années 1990 ! Il ne nous reste plus que les transcription de certaines d’entre elles à la discrétion de Robert Amadou.
L’excellent libraire Philippe Subrini, dans sa Lettre du troubadour du livre, n° 16, qui signale cette carence extrêmement dommageable, se prend du même coup à espérer, qu’un jour, lors d’une vente publique, ces missives réapparaîtront. Pour l’heure, déplore-t-il, elles sont bien égoïstement conservées chez un collectionneur peu scrupuleux, voleur et receleur.