Je viens de prendre connaissance de l’article de Christian Attard au sujet du calice que l’abbé Saunière, Curé de Rennes-le-Château, aurait offert à l’abbé Eugène Grassaud, Curé d’Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), puis Curé de Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales).
De cette affaire de calice, j’en avais déjà parlé dans mon livre, en 1985, Histoire du trésor de Rennes-le-Château. J’en produisais d’ailleurs une photographie noir et blanc (pp. 336-337). La qualité de photo n’étant pas au rendez-vous, on ne pouvait y voir la croix de Malte en émaux qui se distinguait sur son socle.
L’ami Attard ne parle pas directement de mon intervention, mais cite Paul Saussez qui, dans son récent ouvrage, La crypte oubliée (2022), laisse entendre que ce calice aurait fait partie du trésor de Mgr de Chantérac retrouvé par l’abbé Saunière.
Pour ma part, je n’ai jamais dit cela !
Préalablement à ma publication, Jacques Rivière avait aussi abordé cette question. Aux pp. 73-75 de son livre, Le fabuleux trésor de Rennes-le-Château, il fait le détail d’un autre calice qu’il aurait retrouvé, parmi deux autres, à Amélie-les-Bains (dans la sacristie de l’église paroissiale ? Chez des particuliers ? On n’en sait rien). Il donne effectivement la photo d’un calice orné de deux anges.
C’est dire, par ailleurs, si cette histoire de calice tarabuste les premiers chercheurs. N’oublions pas la mention qu’en a fait René Descadeillas, dans sa Mythologie du trésor (1972). Se basant sur les dires de l’abbé Moulis, dans son livre sur le Pays de Sault (1958), l’ancien Conservateur laisse supposer une pièce du XIIIème siècle, provenant de Niort de Sault, ramené à Rennes par la jeune épouse de François d’Hautpoul.
Enfin, c’est au tour de François Grassaud (homonymie avec l’abbé Grassaud, mais aucun lien de parenté) de publier, en 2000, dans sa brochure sur l’abbé Saunière, une photo couleur de ce même calice de Saint-Paul de Fenouillet. C’était un collectionneur d’archives, que j’ai connu, et qui habitait la rue principale d’Axat, presque en face de la maison où décéda l’abbé Boudet. C’est de lui, d’ailleurs, que Jacques Rivière tenait la photo supposée d’un Boudet jeune.
Je vais donc raconter les circonstance qui m’ont fait “identifier” le calice de Rennes-le-Château.
C’était en 1979, jusqu’alors habitant la région parisienne, une opportunité m’a fait m’installer à Perpignan. J’ai alors fait la connaissance d’un particulier qui s’intéressait épisodiquement à Rennes. C’est lui qui m’a confié l’info. Le nom et l’adresse de l’ancienne servante de l’abbé Grassaud. Elle vivait toujours et habitait une maison à l’entrée du bourg de Saint-Paul-de-Fenouillet.
J’ai pris contact avec cette dame, qui a volontiers répondu à mes questions. Le Curé Saunière, elle ne connaissait pas. En revanche, elle m’accompagna au presbytère et me fit voir UN calice. Elle m’apprit que l’abbé Grassaud, au cours de ses déplacements, France ou Étranger, ramenait parfois des ciboires ou calices. Or, pour celui qu’elle me montrait, elle en ignorait la provenance. Pour les autres (au nombre de 8 ou 10, autant que je m’en souvienne), elle pouvait désigner d’où ils venaient. J’ai donc photographié celui en question – photo instamatic couleur, format carré . Je l’ai remercié et ne suis jamais revenu importuner cette dame (décédée depuis plus de 30 ans).
Je souligne que lors de cette présentation, le Curé en titre de Saint-Paul de Fenouillet était présent. Il resta assis derrière son bureau, ni bonjour ni au revoir. Je gage que si j’avais eu affaire à lui, il m’aurait volontiers éconduit.
Munis de cette photo, je l’ai montré à l’abbé Mazières, que j’ai rencontré trois fois, à Carcassonne, maison de retraite Béthanie. Tout de suite, il a reconnu le même que celui de Campagne-sur-Aude (avec sa croix de Malte en émaux). Et c’est ainsi qu’il me raconta que c’était un cadeau fait par le Commandeur de Malte, commanderie de Magrie, au XVIIIème siècle, aux églises pauvres du diocèse (je le dis dans mon livre, p. 336). Il ajouta cet épisode selon lequel le calice de Campagne fut offert à un officier allemand en 1944, pour le remercier d’avoir faciliter l’approvisionnement de la population locale autant qu’il le pouvait. Par la suite, l’abbé Mazières demanda à l’abbé Jules Plancade, qui s’occupait de l’ermitage Saint-Aubin, près de Fitou (Aude), et auxiliaire de l’abbé Beaux (cela vous dit quelque chose : Me l’an donat, l’ai panat, etc…), à l’occasion d’un voyage en Allemagne, de retrouver cet ancien militaire qui était originaire de Ratisbonne. Mais, l’abbé Plancade fit chou blanc.
Le calice de Saint-Paul de Fenouillet était-t-il celui trouvé avec le magot de l’abbé Bigou, dans l’église de Rennes-le-Château, je le suppose…
Mais, j’invite l’ami Christian Attard a venir faire son enquête à Saint-Paul de Fenouillet et prendre les contacts voulus pour que lui soit montré ce fameux calice qui l’attend, bien sagement, dans un placard du presbytère. Je serai le premier à m’en réjouir…
Illustration :
– Une photo inédite de l’abbé Eugène Grassaud
– Sa lettre de démission de Curé de Saint-Paul, pour cause de retraite.