En juin dernier, Christian Doumergue a publié un nouveau livre sur Rennes-le-Château. C’est un roman. Le choix est convenu sans ambiguïté. Il l’avait annoncé sur Facebook, glissant que sous cette forme il exposait quelques-unes de ses convictions sur cette affaire. Son titre : Le secret du diable.
Pour me faire lire un roman, il faut se lever tôt. Sinon, qu’il s’agit d’un “Doumergue”, c’est cette remarque qui m’interpella.
Ce roman, c’est un pensum de 400 pages ! Le style maniéré des premiers chapitres ont un peu éprouvé ma patience. Mais ses descriptions, qui n’ont pas les ciselures d’un Balzac ni la brièveté d’un Céline, n’étaient pas désagréables pour autant. Parfois, on avait l’impression d’entendre le vent dans les ramures.
Au début, j’ai tenté de retrouver de qui parlait Christian Doumergue derrière les différents personnages de son roman. Pour certains, j’ai une petite idée, mais ce n’est pas important. Il lui arrive parfois d’évoquer certaines figures habituelles de notre aventure moderne du Curé aux milliards : Jacques Cholet, Henri Buthion, Jean Pellet, Jean Brunelin, Germain Blanc-Delmas, Jean-Michel Pous, Paul Saussez…
Cela dit, l’ami Christian ne nous épargne pas les poncifs : Viva Angelina, Terribilis Est locus Iste, Un certain danger, etc. En revanche, il voit toujours la dalle de la marquise dans le cimetière de Rennes-le-Château (moi aussi, d’ailleurs, même si elle a été transférée depuis, au Musée).
En revanche, il fait plaisir à Philippe Duquesnois en citant le journaliste Jean Bazal, pigiste auprès de “Police-Magazine”, et à qui l’on doit la propagation de l’affaire de Rennes sur un plan national.
P. 180, par ailleurs, il fait allusion à l’incendie de deux véhicules à Rennes-le-Château, sur le parking, d’une équipe hollandaise de tournage, en 1974. Allusion également aux tunnels de l’ancienne voie ferrée qui traverse la Pierre-Lys, au-delà de Quillan.
Ailleurs, Christian à la modestie de ne citer aucun de ses livres lors de l’inventaire des premiers titres de la bibliothèque de cet obsédé du trésor qui est le défunt Olivier Rouze.
Technique du romancier, Christian Doumergue distille savamment les stances du Serpent rouge, histoire de nous amener là où il veut convaincre le lecteur : Marie-Madeleine.
En fait, chez notre conteur, la pècheresse biblique n’est ni plus ni moins que l’Antinéa du roman de Pierre Benoît, l’Atlantide. C’est aussi l’Arlésienne. On en parle, on l’a pressent, mais on ne la voit jamais. Ce qu’on voit, en revanche; c’est l’intérieur du Tombeau des Seigneurs, sous l’église de Rennes-le-Château. Christian Doumergue en a rêvé, il l’a fait ! Howard Carter, après la lettre…
Si le récit avait été vécu, nul doute qu’il nous aurait parlé de ce coffre qui ne se referme pas, à moins de poser dessus un objet d’un certain poids. Mais, hélas, c’est une visite sans issue, décevante, la galerie au trésor s’est effondrée depuis l’abbé Saunière. Que ne connaît-il pas ces quelques versets d’Ézechiel, comme le Curé d’alors, il aurait, lui aussi, approché de cet endroit, où la bruyère commence.
Bien évidemment, les 13 clefs de Carcassonne sont les “13 trésors” de la carte de l’abbé Boudet, dont Plantard a ravi l’idée au vieil érudit Dupuy. Quant au magot des Wisigoths, il n’est pas sans nous rappeler l’or de Sergius, exhumé sur le papier par le chercheur et fin lecteur Paul Saussez.
Il y a bien d’autres points à soulever (dont quelques anachronismes concernant Buthion), mais le poète à tous les droits. N’est-il pas dit dans l’évangile de Jean : Au commencement était le Verbe ?
Christian Doumergue, Le secret du diable, TDO éd.
on peut pas libérer…
Galerie inaccessible depuis l’abbé Saunière… Le feuilleton continue en effet.