Je viens de refermer ce livre intitulé : Trésors historiques, mythiques et légendaires, paru voici quelques semaines. Son auteur, Christian Doumergue, me l’a dédicacé comme « un voyage tissé de rêve ». En fait, pour moi, ce fut une sorte de machine à remonter le temps.
Je m’intéresse aux histoires de trésors depuis un demi siècle. Inutile de dire que celles qui sont abordées par notre ami font tous échos à des souvenirs, à des recherches à la Bibliothèque Nationale et même à des investigations personnelles.
Christian Doumergue écrit bien, mais il pêche parfois en faisant montre d’une certaine complaisance envers ses sources, pourvues qu’elles soient anciennes. Est-ce rendre service au lecteur que de sacrifier ainsi à la part du rêve ?
Ce libre aborde près de quarante affaires bien distinctes. Je lasserai la patience du lecteur en les passant toutes au crible. J’aurai pourtant à dire sur certaines d’entre elles : p.14, Saint-Wandrille ; p. 35, Baugé, magot du notaire Dutier ; p. 79, Châlus ;
p. 152 La Buse ; p. 198, Nicolas Flamel, p. 297, trésor de Constantine, près de Saint-Mitre-les-Remparts, et quelques autres encore.
Mais je m’en tiendrais à celles connectées avec notre affaire de Rennes.
Certes, Christian Doumergue consacre un chapitre à l’histoire de l’abbé Saunière, mais il reste observateur. Pas d’hypothèses douteuses, aucune supposition gratuite. Au final, il y a bien un secret, mais lequel ?
Ce qui m’a davantage interpellé, c’est son analyse du trésor de Toulouse et ses remarques à propos de la tombe d’Alaric 1er.
Pour le trésor de Toulouse, je m’étonne qu’il n’est pas fait observer que le lac des Volques-Tectosages se trouvait non à Toulouse-city, mais à Vieil-Toulouse, un oppidum, devenu de nos jours zone résidentielle, distante d’une dizaine de kilomètres de la métropole. Toulouse a été créée par les Romains après y avoir « déporté » les Tectosages rebelles. Donc rechercher le trésor à Saint-Sernin, à la Daurade ou au Taur relève du fantasme soigneusement entretenu par des historiens incurablement chauvins. Quant à dire que les Toulousains ont repris l’or de Caepio jusqu’aux portes de Marseille, c’est véritablement une galéjade !
Je ne m’étendrais pas sur la fable du trésor de Jérusalem, ramené dans le Razès par les Wisigoths au lendemain du sac de Rome en 410. C’est historiquement facile de démontrer que les choses ne se sont pas passées ainsi. En revanche, notre ami ménage la chèvre et le chou, lorsqu’il évoque la tombe d’Alaric 1er. Celle qui aurait été creusée dans le lit du Busento. Il fait volontiers litière des objections de Salomon Reinach, qui, pourtant, ne se contente pas d’une réfutation de principe, mais argumente longuement dans le tome V de son livre : Cultes, mythes et religions.
Il lui préfère le folkloriste Arnold Van Gennep qui, lui, transige et accommode le texte de Jornandès. C’est sur ce modèle, d’ailleurs, que c’est forgé la légende poitevine de la tombe « aquatique » d’Alaric II, tué par Clovis à la bataille de Vouillé, dont la tombe aurait été creusée dans le Clain, près d’Iteuil.
Je le confirme et l’atteste, le livre de Christian Doumergue est un exercice épatant. Je l’ai lu pour vous en faire part, mais je le relirai bientôt plus longuement et plus attentivement, comme si je buvais le lait de Canaan.
Christian Doumergue, Trésors historiques, mythiques et légendaires, 320 p., éd. de l’Opportun, novembre 2018