C’est non sans une certaine appréhension que je me suis procuré l’ouvrage de Philippe Méry. Son titre : Et si tout était que mensonge ? Ou la véritable histoire de l’Humanité. Je redoutais je ne sais quel pensum biblico-ésotérique. Le fait qu’il soit consacré à l’affaire de Rennes me fit sauter le pas.
Acquis auprès des éditions du Crapaud, la confraternelle dédicace de l’auteur aurait dû me faire rentrer dans le rang. D’autant qu’une certaine complaisance accompagnait la sortie de ce livre.
Certes, il y a bien longtemps que je n’avais pas lu un livre sur l’affaire de Rennes, qui n’évoque pas la sempiternelle Franc-Maçonnerie au titre de deux machina. Mais, je suis désolé de le dire : ce livre n’apporte aucune information nouvelle, sinon la mise en œuvre du procédé de l’éponge, qui consiste à rependre toutes les informations lues par ailleurs et en faire un salmigondis ne fâchant personne.
Philippe Méry reprend une à une les hypothèses développées depuis des décennies sur Nostradamus, Fouquet, Versailles, les Templiers, le trésor des Wisigoths, Marie-Madeleine, etc. les emboite et les superpose. Les fantasmagories au sujet de l’Arche d’Alliance y sont omniprésentes. Boudet, après l’avoir retiré du pech d’En Couty, l’y aurait fait mettre en lieu sûr dans le Cardou !
Sur fond ufologique, la montagne de Bugarach est présentée comme le jalon indépassable, l’Alpha et l’Omega de toutes recherches ! L’écrin de toutes découvertes !
L’auteur ne s’inquiète guère des invraisemblances historiques, des erreurs de détails qui émaillent la trame de son texte.
D’où tient-il que la roue d’un char romain (époque du Bronze, pensez-donc !) fut trouvée au Bazel ? Que Vincent de Paul passa deux ans à chercher le trésor des Wisigoths enfoui sous Notre-Dame de Marceille ? Idem, à quel texte se réfère-t-il pour prétendre que Jules Verne végéta deux ans au hameau des Capitaines pour écrire Clovis Dardentor ? Que Nostradamus séjourna à Alet ? Enfin, sur quoi se base-t-il pour incriminer les deux frères Saunière dans le meurtre de l’abbé Gélis ?
Le bouquin s’achève sur fond style « Planète », avec les initiés de l’Himalaya, les armes secrètes nazies sous l’Antarctique et l’interview d’une extraterrestre nommée Lacerta.
Quelle utilité y a-t-il à venir vider ses poubelles ésotériques à l’aplomb de la colline inspirée ? Ne peut-on pas débattre de cette affaire de Rennes de façon critique et raisonnée ?
Et si tout n’était que mensonge ? Un livre de plus, qui passera comme beaucoup d’autres.