Alors qu’aucun guide n’avait été publié sur Rennes depuis 1983 (réactualisé en 1990), en l’occurrence celui de Tatiana Kletzky-Pradère, le Guide du visiteur (traduit en cinq langues), à l’exception, peut-être, d’une introspection de cette affaire à laquelle nous a convié Yves Echaroux, en 2012, rien n’avait été produit de cette nature depuis trente cinq ans.
Or, cette année 2018, deux guides sont parus presque simultanément en juin. L’un intitulé : Le guide de l’énigme, approche et découverte, signés par Jean-Pierre Monteils et son fils Jean-Patrick ; l’autre, Guide pratique du visiteur d’Axel Graisely.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces auteurs ne se sont pas concertés. Autant, Le guide de l’énigme affecte de la prudence de leurs auteurs, de leur perplexité, voire leur incrédulité. Autant, le Guide pratique du visiteur est blindé d’anecdotes douteuses et peu au fait des dernières découvertes.
Il est certain que Le guide de l’énigme est plus rationnel : les auteurs renvoient à un appareil de notes qui justifient les faits pittoresques mis en exergue.
En revanche, le proverbe chinois placé en final de la publication laisserait assez entendre que l’affaire de Rennes serait, pour tout dire, une coquille vide. A la rigueur un sujet de thèse, mais certainement pas une réalité permettant de déboucher sur du concret.
D’emblée le Guide pratique du visiteur d’Axel Graisely se veut partisan d’une énigme pur sucre, toujours embroussaillée et aux facettes d’autant plus multiples qu’on en découvre constamment de nouvelles.
Mais, il semble que pour guider le visiteur dans les méandres de cette épineuse affaire, Axel Graisely soit lui-même tombé dans quelques chausses-trappes qu’il lui était pourtant facile d’éviter.
Ainsi, reprend-t-il allègrement tous les lieux communs qui ponctuent la belle histoire du “curé aux milliards” :
Le voyage à Paris (p.6), Emma Calvé (p.7), l’échiquier de l’église (p. 29), l’épitaphe de la marquise effacée au burin (p.9), le bas-relief Marie-Madeleine peint par l’abbé Saunière (p.11), les 3000 F de la comtesse de Chambord (p.5). Et je ne parle pas de cette combinaison qui conçoit le mot Graal restitué à partir de la première lettre du nom des saints représentés en statue dans l’église de Rennes.
Il ne sait pas que l’abbé Bigou est mort à Collioure et non à Sabadell. Il croit que le docteur Courrent était le médecin de l’abbé Saunière et que l’existence du Prieuré de Sion s’exprime à travers l’abréviation OMPS qui se lit sur le socle du Calvaire du jardin de l’église.
Il voit un symbole maçonnique dans le sablier que l’abbé Saunière à faire graver sur la porte du cimetière et un indice sérieux dans un fragment de carrelage différent qui se remarque dans le dallage de la tour Magdala. A priori, il ne sait pas qu’un fragment du même genre se voit dans le carrelage de la serre.
L’erreur la plus pittoresque, peut-être, se trouverait, p. 53, dans la petite note biographique concernant Jean Salvador de Habsbourg, qu’il fait naître en 1852 et mourir en 1890. Or, notre guide écrit que ce personnage, qui se faisait aussi appeler Jean Orth, vint plusieurs fois à la villa Béthanie. Or, comment est-ce possible ? Puisque les travaux de la villa ne débutèrent qu’en 1901 !
Je trouve dommage qu’un auteur aussi assidu à l’affaire – déjà trois livres à son actif, ne soit pas aussi attentif qu’il le devrait. Surtout, un guide de cette nature est fait pour “initier” le visiteur aux mystères de Rennes-le-Château. Comment sera-t-il en mesure de faire le tri, pour peu qu’il lui prenne de se renseigner sur le Net, si, d’emblée, il est abreuvé d’affirmations erronées et d’hypothèses farfelues.
Je ne doute pas que le Guide d’Axel Graisely connaisse les honneurs de la réédition. En ce cas, il serait souhaitable que son auteur procède aux rectifications voulues. On ne l’en appréciera que mieux.
Il y a aussi le guide qu’avait sorti Richard Bordes, je ne sais plus si c’était dans les années 1980 ou 1990.
Pour le carrelage, si mes souvenirs sont bons il y a aussi un carreau présentant une différence dans la villa Béthanie. Quant à celui de la serre, il me semble bien qu’il a disparu (le carrelage en est très dégradé).
Concernant les deux guides récents que tu cites, je n’ai pas encore eu le plaisir de lire celui de Axel Graisely (cela ne saurait tarder) mais par contre j’ai lu celui de Jean-Patriick et Jean-Pierre Monteils qui est en effet excellent. Il est d’ailleurs en vente sur ma librairie en ligne 🙂
Tony, c’est parfaitement vrai, j’ai oublié celui de Richard Bordes, paru en juillet 1985. Ces histoires de carrelages sont factices. Michel Azens t’expliquerait qu’il s’agit de points de finition, permettant de repartir de cette marque s’il fallait refaire une partie du carrelage.Certes, le guide de Monteils, père et fils, est bien fait, mais je le trouve un peu trop “timide”. Je ne suis pas sûr qu’il créé beaucoup de vocations.
Pour le carrelage, je citais juste des faits mais je n’y vois aucun mystère 😉 Tu as peut-être raison pour le guide des Monteils, mais en seulement 40 p. il est difficile de faire un condensé parfait sur le sujet (tellement vaste !).
Salut Michel,
Après tout ce temps…un grand merci pour ton analyse. Effectivement nous avons fait le choix avec Jean-Patrick de rester un peu sur la réserve mais rassure-toi pour nous rennes-le-château est tout sauf une coquille vide ;bien au contraire nous pensons qu’il y a encore bien des choses à découvrir . Notre parti pris était néanmoins de donner un outil de base aux futurs chercheurs et ensuite à eux d’agir en toute liberté .Un dernier point le proverbe chinois qui t’intrigue en fait signifie tout à fait autre chose il veut dire que lorsqu’on poursuit un objectif on a de chance de l’atteindre que si on en prend les moyens mais je reconnais qu’il peut être ambigu et sans doute dans la prochaine reddition nous lui ajouterons un petit commentaire. Le guide est également disponible en anglais et en espagnol encore merci et à très bientôt j’espère.