Ces jours derniers, procédant à la mise en ligne de la liste des articles de presse relatif à Rennes-le-Château parus en 1982, sur mon site LA BIBLIOTHEQUE DE RENNES-LE-CHATEAU, je retrouvai, parmi des photocopies, cet extrait d’une page de l’hebdomadaire Minute d’un numéro paru en 1982 (j’ai l’original, sur lequel est noté la date exacte de parution, mais le document est déclassé).
Il s’agit de petites annonces, dont l’une a pour objectif de trouver des bonnes volontés pour participer à la recherche du trésor de Rennes-le-Château :
Son auteur, Laborie, 1, rue Jacquier, Paris XIV, n’est pas tout à fait un inconnu. Pour ma part, je ne l’ai jamais rencontré. Mais ses péripéties et sa faconde ont laissé comme un sillage derrière lui.
De son vrai nom Joseph Laborie, il avait pour sobriquet celui de Ribold.
L’homme était probablement à la retraite lorsqu’il s’intéressa à Rennes-le-Château. On dit qu’il aurait fait sa carrière chez l’avionneur Dassault, comme ingénieur et pilote d’essai.
Avant Rennes, il s’était intéressé à d’autres histoires de trésors « emblématiques », telle que celle du trésor des Chartreux de Villeneuve-lès-Avignon, mais aussi l’or des Républicains espagnols réputé pour avoir été enfoui sur la plage de Saint-Cyprien, entre Canet-Plage et Argelès-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales.
Dans son livre Trésors du monde (éd. de 1972), Robert Charroux évoque la personnalité de Joseph Laborie, qu’il se contente de désigner sous le nom de Ribold.
En 1957, l’homme s’était joint à la petite équipe des Chercheurs de Trésors que chapeautait Robert Charroux. Il disposait alors d’un détecteur Goldak, moins performant que l’appareil Lenoir que le Club utilisait plus volontiers, mais davantage discréminateur.
Charroux raconte que lorsque Ribold fut suffisamment averti de la zone à quadriller, l’indélicat détectoriste vint à l’insu de ses compagnons prospecter ce bout de plage que Charroux appelait conséquemment « zone du grand chelem » (jeu de bridge où toutes les levées ont été faites par une équipe).
A l’oeuvre, Ribold vit tout à coup le sounder et l’amperemètre de son Goldak réagirent à une certaine masse ferreuse. Las ! – Le trésor ! pensa Ribold. En réalité, cette trouvaille ne s’avéra être qu’un obus d’assez gros calibre. Et Charroux de rajouter perfidement : « …qui malheureusement n’explosa pas ! »
A Rennes-le-Château, Joseph Laborie fut intrigué par le grand haut relief de l’église. Il était persuadé que c’était un visuel parfait du lieu à découvrir. La bourse étant l’entrée d’une cavité au fond de laquelle un trésor avait été enfoui.
Pas n’importe quel trésor ! Mais celui du pillage de Rome, ramené par les Wisigoths dans le Razès. Principalement, les tuiles d’or du Capitole ! Il aurait été ensuite exploité par ces fameux faux-monnayeurs du Bézu, dont il est question dans un authentique document datant des dernières années de Philippe le Bel.
C’est ainsi qu’il focalisa ses recherches du côté de l’ancien château des Templiers, plus précisément à petite distance de la Jacotte.
Il aurait, semble-t-il, réussi son affaire, mais les circonstances l’auraient empêché d’en tirer parti.
Vers 1967-1969, il parvint enfin à pénétrer dans une galerie délabrée. C’était de nuit. Sa femme, au volant d’une Dauphine, avait fait en sorte que les phares du véhicule éclairent l’entrée du souterrain (Laborie pensait qu’il s’agissait d’ une ancienne galerie de mine).
Il avait déjà rampé sur plus de cent mètres, lorsqu’il fut empêché d’aller plus avant du fait qu’une rivière souterraine lui barrait le passage. Il aperçut alors, dans la pénombre, à la lueur de sa lampe-torche, un amoncellement de tuiles d’or et de barres de même. Il semblait y en avoir pour plusieurs tonnes ! Dans un dernier effort, il passa la rivière et parvint à se saisir d’une barre d’or. Mais, sur le retour, le tunnel s’éboulait sur son passage. Le temps pressait. Ne pouvant s’encombrer davantage de sa trouvaille, il l’abandonna derrière lui. Il vit la sortie de la galerie grâce aux phares toujours allumés de sa voiture.
Il revint à Rennes chaque année. C’est ainsi qu’il proposa à deux chasseurs de trésors de nationalité allemande de l’aider à déblayer la galerie de la Jacotte. Mais, devant l’ampleur de la tâche, ils déclarèrent forfait.
C’est alors qu’il rencontra, en 1971 ou 1972, un autre chercheur de trésors, Michel Bellec. Tous deux habitaient à Paris, dans le quatorzième arrondissement, et fréquentaient la même librairie. Joseph Laborie lui proposa de reprendre les fouilles ; Michel Bellec ne fut pas difficile à convaincre.
Mais le lieu exploré par Laborie n’avait déjà plus le même aspect. D’autres éboulements étaient survenus et la végétation reprenait peu à peu ses droits.
En 1982, cette annonce parue dans Minute démontre qu’il n’avait pas perdu espoir, recherchant de la main d’œuvre enthousiaste et désintéressée.
D’un âge avancé, Joseph Laborie est sans doute décédé au milieu des années 80.
Quant à Michel Bellec, il vint habiter à Rennes-les-Bains et reprit les recherches à sa manière. Fit quelques découvertes rupestres de croix et de triangles sur des rochers du Serbaïrou. Il participa, également, à la découverte d’une tombe ou d’un hypogée le long de la Blanque.
C’est lui, racontera plus tard son fils, Michaël Bellec, qui, le premier, ouvrit le tombeau « d’Arques » dans lequel on trouva deux cercueils, mais ni document ni trésor…
Il fut aussi le discret compagnon de fouilles d’Henri Buthion, lorsque celui-ci cherchait des accès depuis le domaine en direction de l’église.
Michel Bellec est décédé en novembre 2004.