Annoncé à son de trompe par un site internet spécialisé dans l’affaire de Rennes, dont le forum est la locomotive, le livre de Jean-Marie Auzanneau-Fouquet, Rennes un jour, se présente d’emblée comme un pavé dans la mare, avec ce sous-titre : Ou les délires absolus de chercheurs perdus.
Avec cet augure, je n’ai pas tardé à faire l’amplette de cet ouvrage – que j’ai reçu à sa parution avec une aimable dédicace de l’auteur.
Pour ce qui concerne Rennes, je crois que M. Auzanneau-Fouquet se trompe de cible. Il confond volontiers ceux qui tentent – honnêtement et laborieusement – de percer le secret de l’abbé Saunière, ceux-là volontiers fouineurs dans les archives, et qui ceux qui écrivent des livres avec des livres, sans recul avec les événements, fâchés avec la chronologie et parfaitement ignorants des fondamentaux.
En fait, son livre est une sorte de bêtisier templier et cathare. Il est facile de distribuer les bonnets d’âne, il est plus difficile d’être à la hauteur de ses ambitions. Finalement, l’affaire de Rennes est expédiée en une dizaine de points.
Principalement, il y a ce que j’appellerai le roman de la crypte. Reprenant la antienne de Madeleine Blancasall au sujet de documents généalogiques confiés par la marquise (et non la comtesse) de Blanchefort à l’abbé Bigou, celui-ci les aurait caché dans le tombeau des seigneurs. Presque un siècle plus tard, l’abbé Boudet aurait trouvé un carnet “couvert de notes” lui révélant la chose. Las ! Il en aurait fait part à l’abbé Saunière, nouvellement promu Curé de Rennes-le-Château, qui aurait retrouvée l’entrée de la crypte et les précieux documents.
Comme dirait l’autre : Où sont les preuves ?
Peu importe, après tout, M. Auzanneau-Fouquet est blindé de certitudes depuis sa conversation, à la faveur d’un repas, avec son ami Jean Marot, “une personne digne de foi”, à laquelle participa un petit-neveu (ou cousin … ?) de l’abbé Saunière. C’est ce cousin qui tint à peu près ce langage à nos deux attablés : “Il n’y a pas d’affaire de trésor à Rennes. C’est une histoire de famille toujours restée très secrète, et pour cause, le Curé Saunière à cette époque n’aurait même pas pu entrer dans les ordres“.
Fermez le ban !
Et M. Auzanneau-Fouquet de faire état des recherches d’un groupe de géologues et de géophysiciens venus dans le pays au cours des années 1980. Bien sûr, ils repartirent comme ils étaient venus. Une main devant, une main derrière.
Si on note l’incrédulité – que je partage – de M. Auzanneau-Fouquet au sujet des trésors que contiendrait le tombeau d’Alaric 1er, près de Cosenza ; il est dommage, en revanche, qu’il qualifie Jacques Chollet de “professeur”, alors qu’il était ingénieur civil.
C’est bien qu’il se gausse de la rumeur selon laquelle le trésor des templiers et la momie de Guillaume de Beaujeu seraient enfouis quelque part dans notre cher Razès; c’est plus dommage, qu’il se fasse l’écho de cette fadaise qui fait d’Alfred Saunière un personnage indélicat, alors qu’il aurait eu la confiance du marquis de Chefdebien. Ce pataquès est l’interprétation d’une obscurité relevée dans le livre de Benjamin Fabre, Un initié des sociétés secrètes supérieures, “Franciscus, eques a capitale galeato”, paru en 1913.
J’arrête là, sinon je viendrai à parler de Nostradamus à Alet-les-Bains (p. 145) et de Nicolas Fouquet , commanditaire du tableau de Nicolas Poussin, “les bergers d’Arcadie” (p. 29).
L’auteur aurait gagné à plus de modestie, à ne pas se choisir des cautions au nombre de ses rencontres et à moins se targuer de ses engagements éthiques.
De cela, sa grand-mère Olive, pourtant si pétrie de ce bon sens rationnel, aurait dû le mettre en garde.
P.S. : J’ai bien connu également Mme Coincy Saint-Palais. J’ai un enregistrement de deux heures qu’elle avait bien voulu m’accorder voici cinquante ans (j’avais vingt ans) à son domicile parisien, rue François 1er. J’ai bien cru être chez Barbara Cartland.