Enfin, j’ai lu ce livre consacré à Pierre Plantard auquel Geneviève Béduneau a rompu ses dernières veilles. Si bien que l’ouvrage n’était pas encore terminé lorsque son auteure fut terrassée par une crise cardiaque, à Paris, le 4 avril 2019, alors qu’elle se rendait en métro à l’un des offices de la semaine Sainte Orthodoxe.
Que faire ? Qui mieux placé que Gino Sandri, dont on sait l’attachement à la personne et aux idées de Pierre Plantard, pouvait donner des allures de fini à un manuscrit resté incomplet. Bernard Renaud de la Faverie, directeur des éditions Dervy, le chargea donc de la préface et de la postface de cet essai biographique.
Après lecture, l’impression que j’en ai n’est pas sans me rappeler cette réflexion de Clémenceau, alors que le premier conflit mondial s’éternisait : « La guerre, c’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »
Loin de chercher la paix, l’objectif des généraux est souvent d’y trouver leur propre gloire ! Sans être désobligeant, Mme Béduneau n’était pas loin de ce travers.
Pétrie d’ésotérisme, subjuguée par tant de profils d’occultistes, elle voit volontiers de la symbolique partout, de l’hermétisme souvent et de la gématrie parfois.
Pour dire autrement : Ne confiez pas à un spécialiste le cas anecdotique d’un patient, il y verra sûrement un cas d’école exemplaire.
Si l’ouvrage fait 210 pages, la moitié aurait suffi pour nous faire comprendre qui était Pierre Plantard. Le fait que Mme Béduneau connaisse parfaitement le sujet est à la fois une qualité et un défaut. Le moindre indice lui permet une glose qu’il n’est pas toujours facile de suivre si l’on ignore les arcanes auxquels elle se réfère.
Alors que Rennes-le-Château est une affaire de trésors (au pluriel), elle n’y voit qu’un montage mystico-surréaliste, une trame paramaçonnique, un faire-valoir mythologique.
Elle n’a pas de réelles informations sur Plantard, son existence. Elle le psychanalyse à partir de ses écrits. A la sécheresse de ses sources thématiques, elle lui accorde le bénéfice du doute. Lui prêtant des intentions qu’elle lui infère. Pierre Plantard a-t-il connu Georges Monti, Maurice Lecomte Moncharville, Gabriel Trarieu d’Egmont, Paul le Cour ou même Camille Savoie, qu’il cite dans sa revue Vaincre ou recrute pour son éphémère Alpha Galates ? C’est accessoirement sans importance, pourvu qu’ils puissent être associés à la personnalité de Geneviève Zaepffel.
Voyante très en vogue entre les deux guerres, elle aurait pris sous son aile le petit Plantard. Une façon de compenser le fils qu’elle n’a jamais eu !
Plus tard, éloigné de cette tutelle, le jeune homme aurait fait sien des débris d’enseignement qu’il en aurait retenu.
On connaît la suite. Sa rencontre avec Gérard de Sède lui a permis de formaliser certaines de ses théories. Lui, qui voulait rentrer dans les ordres, était janséniste dans l’âme. Rien n’est hasard, une main invisible règle tout !
Geneviève Béduneau l’approuve. Trésors, parchemins et pierres tombales ne sont des métaphores noyées dans un gloubi–boulga prophétique. Ne vous l’a-t-on pas déjà dit : « Que l’ignorant retourne à sa science et le pêcheur à ses filets ! »
D‘aucuns diront que je parle ainsi par dépit, contrit de ne pas faire partie de cette bienheureuse phalange des initiés. Mais, c’est bien ainsi, préférant la réalité des faits aux chimères fanées des vaticinateurs.