Le souvenir de la destruction des archives de la Cité de Carcassonne, perpétrée le 20 novembre 1793, par le procédé d’un monstrueux autodafé orchestré par le Comité révolutionnaire, vient d’être rappelé par Martial Andrieu, dans son blog toujours si intéressant et pertinent : Musique et Patrimoine de Carcassonne.
Il reprend les faits d’après le compte-rendu publié en son temps par Champollion-Figeac (1813-1894), lequel dans son Annuaire de l’archiviste retranscrit un procès-verbal rédigé et approuvé par ceux-là même qui ont commis cette infamie. Ce document, le voici :
Ce jourd’hui 30e brumaire l’an II de la République Française, une, indivisible, quatre heures après-midi, nous, Jean-Marie Guilhem, maire ; officiers municipaux ; procureur de la Commune et notables composant le Conseil Général de la Commune de Carcassonne-Cité, accompagnés du citoyen Charles Assumac, secrétaire-greffier de la Commune ; du citoyen Maguelonne Naucadéry, juge de paix du canton de Carcassonne-Cité ; au milieu du bataillon de la Garde Nationale de la dite Cité, commandé par le citoyen Loubet, drapeau flottant, et de la compagnie des Invalides ou Vétérans de la garnison de la dite Cité, commandée par le citoyen Girot, capitaine de la dite compagnie, nous nous sommes rendus sur la place de la Liberté, ci-devant Belle-vue, où nous avons fait apporter tous les titres, privilèges, immunités, accordés à la dite commune de la Cité, par nos ci-devant Rois, ou, pour mieux dire, tyrans qui insultaient l’égalité, ainsi que deux registres de reconnaissances consenties en 1781, par les habitants ou possesseurs de bien-fonds et maisons de la récente Commune, au ci-devant roi le guillotiné ; et, étant parvenus dans cet ordre sur la dite place de la Liberté, et après avoir fait trois fois le tour des papiers et du bois destiné à faire le feu de joie, le citoyen Guilhem, maire, deux officiers municipaux et le secrétaire-greffier y ont mis le feu aux quatre coins, au milieu des cris de : Vive la République, une, indivisible ! Vive la Liberté, L’Egalité ! Périssent les Tyrans !
Le feu ayant duré pendant une heure, les citoyens qui s’y étaient rendus en foule, le Conseil Général de la Commune, et tous les assistants, on, pendant ce temps, avec la joie la plus vive, chanté l’hymne des Marseillais, la Carmagnole et autres couplets patriotes. Le feu étant éteint et les papiers, parchemins, registres, etc… entièrement consumés, et après avoir, sur la porte (Porte Narbonnaise, NDLR) donné l’accolade fraternelle aux commandants du bataillon de la Garde Nationale et de la compagnie des Vétérans, sommes entrés dans la salle publique de la dite maison commune, où nous avons dressé le présente procès-verbal, le jour et an susdits.
Signés : A. Baux, officier municipal ; Guilhem, maire ; Mieux, officier municipal ; Jean Girot, officier municipal ; Valens, Assumac, secrétaire-greffier.
Au lendemain de cette funeste journée, on s’était aperçu que des parchemins et des manuscrits, emportés par le vent et qui avaient échappé aux flammes, avaient été récupérés par des badauds présents lors du brasier. Séance tenante, un arrêté municipal fut édicté, menaçant tout un chacun qui s’en serait rendu coupable d’être considéré comme “suspects”. On sait ce que cela voulait dire en cette période de Terreur !
Pourquoi porter l’accent sur cet épisode particulièrement lamentable ? C’est que dans ce vaste chartrier se trouvait d’authentiques documents wisigoths.
Dans le Dictionnaire historique de Moréri, édition de 1759, à l’article “Carcassonne”, on peut lire ceci :
” On voit dans la Cité, un château assez fort où l’on conserve des actes très anciens et d’une écriture particulière, sur des écorces d’arbres et sur de la toile, dont il y en a plusieurs qu’on croit y avoir été apportés par les Wisigoths après la prise de Rome.”
Ce fait est confirmé par l’érudit Cros-Mayrevieille, dans Les monuments de Carcassonne :
” Voici ce qu’on dit dans un mémoire déposé dans les Archives du génie militaire de Perpignan. – Les Goths apportèrent dans la Cité de Carcassonne des actes très anciens et d’une écriture particulière sur des écorces d’arbre et sur de la toile qu’on conserve avec soin dans les archives.”
Ref. : Descadeillas (René) Carcassonne, p. 38, 1972.
Bonjour Michel,
Je ne comprends pas très bien en quoi cet autodafé des archives de Carcassonne te dérange du fait qu’il y a peu, tu t’es réjoui de mon bannissement du site de Jean-Claude Debrou et de la destruction de tous mes messages. Tu n’es pas logique avec toi-même…
Tout comme ne sont pas logiques les francs-maçons à l’origine de ces stupides destructions révolutionnaires animées par une haine de l’Ancien Régime, par des municipaux assoiffés de sang et dont il est facile de deviner qu’ils étaient affiliés aux loges locales…
Alors que l’on voit, bien plus tard, un de leurs comparses, René Descadeillas, s’émouvoir de telles barbaries destructrices…
A travers mon message, je venais surtout pour te remercier pour tes jérémiades à l’origine de la destruction de tous mes messages par Debrou, l’ignare iconoclaste qui m’aura évité d’avoir moi-même à le faire pour ne pas laisser des perles aux pourceaux et aux chiens…
Cela faisait longtemps que j’effaçais mes anciens messages l’un après l’autre en les remplaçant par 5 croix, mais c’était très long à faire… Ainsi, tu m’as épargné un travail pénible et très fastidieux d’avoir à le faire et tu m’as ainsi procuré un grand soulagement…
Je voudrais aussi en profiter pour t’annoncer que tes archives seront aussi détruites dans leur intégralité par l’eau ou par le feu…
Et cela dans moins de quatre ans !… Tu te souviens de mes prophéties sur la France ; nous y entrons ces temps-ci…
C’est la vie et seulement la vie.
Bien cordialement à toi.
Raymond