Cueillies sur le site de Daniel Dugès, voici quelques-unes des réflexions de cet auteur au sujet des parchemins prétendument conçus par Philippe de Cherisey :
En partant du travail de Franck Marie sur le décryptage du grand Parchemin et après de longs essais, j’ai compris comment fonctionnait le code de Vigenère, mis en pratique pour faire passer le fameux message : « Bergère pas de tentation… » . L’examen attentif de ces parchemins m’a permis d’entrevoir une autre vérité que celle communément admise. Je travaille en enquêteur comme le ferait un policier, en vérifiant systématiquement toutes les données du problème, en ne laissant jamais la « part du rêve » entraver ma démarche. Quitte à décevoir bien des amateurs de trésors et à marcher à contre-courant des idées reçues.
En étudiant la vie et les habitudes de Bérenger Saunière, il m’a paru évident que la personne qui se dégageait de sa recherche ne pouvait être le concepteur de l’ensemble du domaine de Rennes-le-Château. De même, me suis-je rendu compte assez rapidement que nombre d’affirmations énoncées dans certains ouvrages n’étaient que des hypothèses fragiles et, souvent, peu argumentées ni démontrées.
Ainsi en est-il du fait que Philippe de Cherisey puisse être l’auteur du grand Parchemin. En effet, celui-ci, dans un courrier, prétend ne rien connaître à la cryptographie . Or, l’auteur du grand Parchemin connaissait parfaitement la cryptographie et les textes religieux !
Dans son texte « Pierre et Papier », Philippe de Cherisey donne une explication de la fabrication de ces deux parchemins dans lequel sa démonstration tourne à l’absurde. Mais, il mélange les dates et les faits.
Sa plus grosse erreur, me semble-t-il, est de ne pas avoir su que le code de Vigenère, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, n’était pas symétrique. C’est-à-dire qu’il ne se décode pas de la même manière qu’il se code. Or, dans sa démonstration Philippe de Cherisey explique de quelle façon il aurait codé le parchemin, en suivant le procédé de décodage. En fait, cette méthode était connue bien avant lui car ces deux parchemins étaient accompagnés, dès leur découverte par Pierre Plantard, d’un autre document, jamais cité, qui donnait le système de décodage. Il a suffi à Philippe de Cherisey de suivre ce que disait ce document pour élaborer tout un roman lui permettant d’expliquer comment il avait procédé. Hélas pour lui, ce n’est pas possible…
La seule chose qu’il a pu et dû faire, et Pierre Plantard le souligne dans ses derniers courriers, c’est falsifier le petit parchemin. Ainsi, a-t-il relevé sur ce document les lettres qui forment la phrase : A Dagobert II roi et à Sion est ce trésor et il est la mort ». Pour faire une telle manœuvre, effectivement, on n’a pas besoin de connaissance en cryptographie.
Mais ce document existait vraiment sans lettres relevées. Récemment un chercheur a démontré d’une manière irréfutable que ce texte provenait, à quelques mots, du texte original du « Code Bezae ». Ce Codex était enfermé dans une bibliothèque et n’a été édité que vers la fin du XIXe siècle. Tout le monde en a déduit que le Petit parchemin avait été conçu à la fin du XIXe siècle. Voilà qui est mal connaître les habitudes de l’Eglise car, si ce texte était ignoré du grand public, il est bien évident qu’il était connu des exégètes de l’Eglise et des cours de théologie. Même si nous partageons l’avis courant, quant à la date de création de ce document, ce qui peut être déduits réellement de tels faits, c’est que l’original de ce parchemin a été composé par un homme d’Eglise et non par Philippe de Cherisey qui n’avait pas la moindre connaissance de l’existence du « Code Bezae ».
De plus, ces deux documents sont écrits de la même manière que sont présentées les plus anciennes versions des évangiles comme le « Codex Sinaïticus », un texte du IVe siècle. En effet, il y a deux caractéristiques principales : les lettres utilisées sont des onciales ou semi onciales, c’est-à-dire les lettres avec lesquelles les Romains notaient leurs inscriptions sur les monuments et la « scriptura continua » cette forme d’écriture où on ne laisse aucun espace entre les mots. Cette forme est particulièrement appréciée de tous les cryptographes car elle permet de glisser des lettres superflues, mais codées, entre les mots. Qui plus est, quand le texte est en latin, il est difficile de discerner ce qui appartient au texte et ce qui appartient au codage. Seul un latiniste confirmé ou un homme d’Eglise pouvait connaître ces éléments et s’en servir.
Voici donc quatre preuves que ces deux textes ont été concoctés par des cryptographes appartenant à des milieux ecclésiastiques. La connaissance du « Codex Bezae », les onciales se référant des évangiles et la « scriptura continua ». Enfin, le code de Vigenère lui-même n’était connu, au XIXe siècle, que des cryptographes et des hommes proches des milieux ecclésiastiques, puisque lVatican l’utilisait pour coder ses messages vers ses légatures.