Au cours des années 1965 et 1966, Pierre Plantard et Philippe de Cherisey ont réalisé une demi douzaine de publications polycopiées, ayant trait à Rennes-le-Château et ses mystères, vrais ou supposés. Elles furent toutes déposées à la Bibliothèque Nationale. Parmi celles-ci, une brochure intitulée : Les descendants mérovingiens ou l’énigme du Razès wisigoth, attribuée à une certaine Madeleine Blancasall.
On reconnaîtra dans ce patronyme de pure fiction la combinaison de trois ressources naturelles de Rennes-les-Bains : la Blanque et la Sals, deux rivières qui se rejoignent au Sud de l’agglomération, ainsi que la source de la Madeleine, visible depuis la route de Bugarach.
Or, la publication que je viens de citer se réclame d’être une brochure interne de l’Association suisse Alpina, dont le siège serait à Genève. Bien sûr, avec le recul, on sait qu’il est convenu de ne pas croire le scripteur sur parole. Qu’est-ce donc que cette association suisse Alpina ?
Au vrai, cette qualification d’association suisse est superfétatoire : elle l’est de facto !
Il s’agit en fait d’une Loge d’obédience maçonnique exclusivement suisse, qui a été fondée en 1844. Plus qu’une Loge constituée, elle fédère en fait toutes les Loges dites bleues helvétiques, en opposition aux Loges rouges, qui dépendant du Suprême Conseil suisse. Les Loges bleues sont désignées ainsi de la couleur choisie pour orner leurs salles de réception. Le professeur d’histoire Jean-Jacques Hottinger, de Zürich, en fut le premier Grand-Maître.
Peut-être plus que les débats philosophiques, la Grande Loge Alpina a longtemps préféré l’action sur le terrain. La liste est longue des initiatives de bienfaisance, de mécénat, à caractère philanthropique ou de simple humanité, qu’elle a suscité au sein des sociétés maçonniques où son influence pouvait s’exercer.
A noter que l’Alpina n’a jamais été anticléricale. La conciliation a toujours été de mise.
Se perpétuant, la Grande Loge Alpina a présentement son siège à Bern, au 40 Jupiterstrasse.
Plusieurs fois interrogée au sujet de cette brochure de Blancasall, la Grande Loge suisse a toujours démenti en être à l’origine, sous quelque forme que ce soit.