Profitant des premiers beaux jours, une petite équipe, venue de Carcassonne, s’était mise à l’ oeuvre pour percer à jour le secret de l’abbé Saunière. Le maire avait donné son consentement pour l’église ; Noël Corbu, pour les abords du domaine. C’était plus un voyage d’études qu’une chasse au trésor considérant les candidats en présence : M. Despeyronat, radiesthésiste; le docteur Malacan, qui exerçait à Chalabre; M. Brunon, opticien à Carcassonne; enfin, René Descadeillas, alors conservateur de la Bibliothèque Municipale de Carcassonne. Si l’église se révéla d’un certain intérêt, une surprise de taille les attendait dans le parc du domaine.
Désignant un point particulier avec son pendule, M. Despeyronat invita les préposés à la pelle et à la pioche à creuser près d’un périmètre cerclé de cyprés. Effectivement, à 1,50 m, les piocheurs rencontrèrent un obstacle : des dalles qu’ils soulevèrent et mirent de côté. Mais, à peine avaient-ils repris leur besogne qu’un crâne apparut à fleur de terre. Puis, un fémur, et encore un os assez long. Ils crurent tout d’abord avoir exhumé un squelette très ancien. Mais lorsque Sultan, le chien de Noël Corbu, vint flairer ces ossements, ils s’aperçurent que des lambeaux de chair y adhéraient encore ! Aussitôt cette constatation, Noël Corbu téléphona à la gendarmerie de Couiza. Le Maire de Rennes-le-Château, Etienne Delmas, fut également prévenu. Dès le lendemain, un travail méticuleux d’exhumation fut poursuivi. Au final, les restes retrouvés étaient ceux de trois hommes adultes, tout au plus âgés de 25 à 35 ans. La date de leur décès remontait guère à plus de douze ans !
Sur la foi d’un permis d’inhumer, ces ossements furent réunis dans un cercueil. Le maire dressa un acte d’état-civil d’inhumation avant de faire procéder à l’ensevelissement dans le cimetière communal.
Sur commission rogatoire, les gendarmes de Couiza tentèrent d’en savoir davantage. On évoqua la présence de maquisards espagnols venus se réfugier dans l’ancien domaine de l’abbé Saunière, à la fin de 1944 ou au début de 1945. A cette époque, la tour et la villa étaient désertées ; Marie Dénarnaud, la propriétaire des lieux, ne sortait guère du presbytère. Un médecin espagnol et son épouse seraient, dit-on, restés quelques mois, à la même époque, dans le domaine. Les trois cadavres de l’Hôtel de la Tour sont-ils ceux de guérilleros venus mourir là, suite à de graves blessures ? S’agit-il des corps de quelque collabo exécuté sans autre forme de procès ? On ne le saura jamais. Quant aux gens de Rennes, ils ne se souvenaient de rien.