Faisant allusion aux nombreuses légendes qui ont cours à Rennes-le-Château, René Descadeillas admet que la plus connue, la plus populaire, est celle de monceaux d’or jadis enfouis dans les parages : à Rennes-le-Château, peut-être, mais aussi à Rennes-les-Bains. Cette légende défie le temps, ajoute-t-il…
Au nombre de ces “légendes”, dont l’ancien Conservateur fait allusion, nous en avons énumérer quelques-unes :
En décembre 1340, deux moines de l’abbaye de Boulbonne envisagèrent de découvrir un trésor enfoui sur une montagne, près de Limoux, en usant de magie. Dénoncés et jugés, ils furent condamnés au Mur perpétuel. En juillet 1374, une déposition faite devant notaire, à Perpignan, atteste qu’un trésor considérable, lors de son transfert, repose en lieu proche d’une cime dite Roc de l’Aigle. Ce document, en latin, est complété d’une figure géométrique et s’achève sur l’énoncé d’une malédiction pour qui tenterait de s’emparer, sans droit, de ce dépôt. En août 1384, requête fut déposée par un prince venu d’Orient, au sujet d’un trésor caché aux creux d’une montagne, dans la province de Guyenne, dont il connaissait l’existence. Il renonçait volontiers à l’or, à l’argent et autres joyaux, qui revanaient légitimement au roi de France, pour ne revendiquer que deux barils de baume déposés en ce lieu.
En 1541, Paracelse, hermétisme allemand, laisse un testament spirituel dans lequel il révèle l’existence de trois trésors encore secrets, dont l’un situé entre la France et l’Espagne, et désigné comme très grand et très puissant. En 1555, dans ses Centuries, Nostramadus rend compte de l’existence d’un roche trésor enfoui dessous la chaîne de Guien. Il rappelle également les risque encourus par ceux qui tenteraient de le mettre au jour. En 1611, Louis XIII donne mission à Jean Vauquelin des Yvetaux, lieutenant-général en Languedoc, de rendre impraticable une série de galeries et de souterrains dans la région de Rennes. En octobre 1661, Jean de Loret, poète et échotier, évoque, dans sa Gazette burlesque, la découverte partielle d’un trésor dans le diocèse d’Alet. Blaise d’Hautpoul, seigneur de Rennes et l’évêque Nicolas Pavillon, s’en disputant la propriété.
Enfin, un peu avant la Révolution, sur la foi d’un témoignage rendant compte que le Diable comptait ses pièces d’or sur la montagne de Blanchefort, des paysans de Montferrand convoquèrent un sorcier pour disputer son magot au Malin. L’affaire tourna court et le marquis de Fleury, propriétaire des terres, fut près de leur faire un procès pour s’être comportés en territoires conquis.
Jean Loret