Il y a sept ans, les éditions de l’O.D.S., sous la houlette de M. Philippe Marlin (à la ville Philippe Miécret), rééditait le livre de Claire Corbu et Antoine Captier, L’héritage de l’abbé Saunière. C’était une version améliorée du premier livre paru en 1985 aux éditions Bélisane, illustrée de nombreux documents inédits. En, couverture, l’éditeur a mis en exergue un livre ancien tâché d’humidité duquel dépasse un plan du Temple de Salomon. En 2ème de couverture, – sur le verso de la page de couverture donc, il a également publié un ex-libris où figure un nom : fSaunière. Comme il n’y a aucune explication concernant ces deux illustrations, on accepte implicitement qu’elles proviennent des archives laissées par l’abbé Saunière, Curé de Rennes-le-Château.
J’ai eu l’occasion d’avoir ce livre ancien en mains, avec quelques autres distingués de l’ex-libris fSaunière. Tous comportaient des traces d’humidité plus ou moins prononcées. En me les montrant, Philippe Marlin me faisait part de sa conviction que ces livres, datant principalement du XVIIIe siècle, provenaient probablement de la cachette d’où l’abbé Saunière avait trouvé le trésor de Mgr Charles de La Cropte de Chantérac, dans un souterrain, à l’extérieur du village de Rennes-le-Château. (2)
Les marques d’humidité étaient la preuve que ces livres avaient séjourné dans un endroit particulièrement insalubre. Le fait que beaucoup d’entre eux étaient apostillés de l’ex-libris fSaunière portait le constat que l’abbé Saunière se les étaient appropriés. Que le prénom soit signifié par la lettre f au lieu de b trouvait son explication , me disait-il, dans le fait que le deuxième prénom de Saunière était “François”.
Je sais que Philippe Marlin a fait l’acquisition, par la suite, de près d’une trentaine de volumes de cette nature, humidité et ex-libris associés.
Du temps a passé. Puis, il y a une quinzaine de mois, je découvre par hasard sur EBay la vente d’un livre comportant l’ex-libris F.Saunière (notez la différence dans l’intitulé). C’était une libraire de Vesoul qui le proposait en enchères. Mention était faite que ce petit volume pouvait peut-être provenir de la bibliothèque de l’abbé Saunière, Curé de Rennes-le-Château. Recherche sur Internet avait été faite, le patronyme avait prévalu.
Après ce premier achat, je m’offris la privauté de téléphoner à la libraire pour obtenir des renseignements sur cet ouvrage. Elle m’apprit que ce livre provenait d’un lot acheté en live à la salle des ventes de Carcassonne. Elle avait déjà vendu un premier volume avec ex-libris, mais il lui en restait encore neuf. Je lui fis donc une offre pour le tout, qu’elle accepta. Elle m’offrit un dixième livre, dont l’ex-libris avait été arraché. Les autres livres qui faisaient partie du lot semblait provenir d’une communauté religieuse ou d’un Séminaire.
La provenance de ces livres m’intriguait, d’autant qu’il était bien question d’une bibliothèque dans l’affaire du trésor caché du vieil évêque d’Alet, Mgr de La Cropte de Chantérac. J’évoquais la chose dans un texte additif au livre de Claire Corbu et Antoine Captier, Marie Dénarnaud – Bérenger Saunière, liés par un secret (Pégase éd., 2018), mais éliminant l’éventualité que ces livres aient pu se retrouver dans le “souterrain” exploré par l’abbé Saunière. (1)
J’étais disposé à faire une exception, acceptant l’éventualité que seuls les livres provenant de la cachette avaient été dotés d’un ex-libris. Mais, désormais, j’ai la certitude (2) qu’aucun des livres de la bibliothèque de l’abbé Saunière n’ont reçu d’ex-libris nominatifs à l’abbé Saunière, f ou b !
Or, la vérité est toute autre. F.Saunière ou fSaunière, c’est bien François Saunière, sauf qu’il s’agit d’un homonyme…
On sait que les exemplaires achetés à prix d’or par Philippe Marlin lui avaient été cédés par une dame d’un certain âge, Josette Barthe, qui fut la fille de la filleule de l’abbé Saunière. Adolescente, elle passait quelquefois ses vacances scolaires à Rennes-le-Château, chez Marie Dénarnaud. Tout cela, je l’ai raconté dans le texte additif déjà cité.
En achetant ces livres à Mme Barthe, Philippe Marlin s’est persuadé qu’ils provenaient de la bibliothèque de la tour Magdala et, au vu de leur aspect, provenaient de la cachette. Or, je sais, désormais, qu’il n’en est rien.
Tous ces volumes ainsi réunis par Philippe Marlin, aussi bien que ceux que j’ai acheté voici un an, proviennent d’un autre fonds, celui d’un Compagnon Boulanger du Devoir, dit Carcassonne, l’Ami du Courage, M. François Saunière. Né à Saint-Ferriol, près de Rennes-le-Château, en 1888, décédé à Saint-Ferriol, en 1964.
Il a effectué son Tour de France sans jamais revenir chez lui. Et lorsqu’il décida de rentrer au pays, il revint en montant la cote qui conduit à son village natal, en tenu de Compagnon Boulanger (Référence).
Or, il est à observer que Louise, première soeur de lait de Marie Dénarnaud, née Camredon, épouse Talabas, était aussi dans le commerce de la boulangerie à Carcassonne. Cela a-t-il un quelconque rapport ?
Bien que ce Compagnon du Devoir ait perdu beaucoup de choses lors d’un incendie de sa maison, à Saint-Ferriol, alors qu’il faisait les vendanges, il est possible que sa petite bibliothèque ait échappé au sinistre. Peut-être, après tout, avait-elle été dispersée bien des années auparavant ?
Toujours est-il qu’un constat s’impose : ces livres que l’on a cru authentifier comme provenant des collections de l’abbé Saunière n’en sont pas issus !
On peut mettre en doute qu’ils aient appartenu à François Saunière, Compagnon du devoir, mais à l’abbé Saunière, jamais !
(1) D’après un chercheur, se basant sur les dires d’un chercheur plus ancien (l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme, etc), ce n’est pas du “tunnel” que l’abbé Saunière aurait tiré les livres de sa bibliothèque, mais du “Tombeau des seigneurs”, sous l’église de Rennes-le-Château. Les voyant voyant ainsi déformés par l’humidité, c’est la raison pour laquelle Saunière a fait venir à domicile un relieur afin de redonner du lustre à ces vieilles antiquités. Imparable.
(2) De tous les livres parfaitement homologués provenant de la bibliothèque de la tour Magdala aucun n’a jamais comporté d’ex-libris.