Dans le 3e volume de Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte-Vierge en France, publié en 1863 et rédigé par un curé anonyme de Saint-Sulpice, nous trouvons aux pages 318 à 324, des considérations sur l’intense dévotion dont Notre-Dame de Marceille, près de Limoux, fut l’objet au cours des siècles. Nous en reprenons quelques-unes :
Confiée d’abord aux Bénédictins, en l’an 1011, cette église fut cédée, en 1207, aux Dominicains du monastère de Prouilhe. Vers la fin du XIVe siècle, aux Collégiens de Narbonne, société de prêtres chargés de l’enseignement de la ville métropolitaine. En 1551, aux consuls de Limoux ; en 1660, à l’archevêque de Narbonne. Enfin, en 1674, aux doctrinaires de Limoux, qui la gardèrent jusqu’en 1793. Vendue comme bien Nationale à la Révolution, elle fut achetée par quatre pieux acquéreurs, mais demeura fermée jusqu’au Consultat. Par la suite, ce sanctuaire retrouva sa vocation et l’on vint de toutes parts pour célébrer dans la ferveur la Vierge Noire qui en était le coeur.
Depuis lors, il y a, chaque année, un accroissement de la foule qui se presse autour de Notre-Dame de Marceille. En 1835, lorsque le choléra envahi l’Europe et désola Paris, toutes les paroisses voisines accoururent en procession auprès de la patronne de la contrée. Le deuxième dimanche de septembre y compta plus de trente mille personnes. En 1855, lorsque le choléra reparut, il en vint plus de soixante mille ! Et c’est un fait constant que, parmi les pèlerinages du Midi de la France, celui de Notre-Dame de Marceille est un des plus fréquentés. Tous les prêtres des environs, quelquefois même ceux de l’extrémité du diocèse, y viennent offrir les saints mystères, et contribuer par leur présence à la pompe des offices; de sorte que, pendant tout le mois de septembre, où l’on peut gagner l’indulgence plénière accordée par Pie IX à tous ceux qui y communient, le saint sacrifice se renouvelle sans interruption, depuis cinq heures du matin jusqu’à midi, les communions y sont presque continuelles. Toutes ces considérations ont déterminées le Saint-Père à accorder à Notre-Dame de Marceille une distinction exceptionnelles, qui ne s’accorde qu’aux sanctuaire les plus illustres. Le 14 septembre 1862, Mgr de la Bouillerie, évêque de Carcassonne, a couronné, au nom du vicaire de Jésus-Christ, la Vierge célèbre de Marceille, au milieu d’un grand concours de fidèles, saintement joyeux de la gloire nouvelle de leur patronne et de leur mère.