A deux ou peut-être trois occasions, en 1959 et 1960, Robert Charroux est venu à Rennes-le-Château. Dans le cadre de ses émissions ou de son activité de chercheurs de trésors. Comme c’était une aubaine pour l’Hôtel de la Tour, en terme de retombées publicitaires, Noël Corbu lui faisait volontiers bon accueil, à lui et à son équipe. A cette époque, Robert Charroux n’avait pas encore publié son inénarrable Trésors du monde (Fayard, 1962), mais ses articles à sensation faisaient les choux gras de magazines à gros tirages.
En outre, Robert Charroux avait l’atout de disposer d’un détecteur de métaux du type Lenoir. Il s’agissait d’une “roue” tenue par des cordons. Robert Charroux a volontiers fait écho de ses recherches à Rennes-le-Château dans plusieurs de ses articles.
“Nous avons ausculter, raconte-t-il, avec un détecteur, le dallage de l’église, le cimetière et tous les murs de la cure. Les réactions de cet appareil annoncèrent de façon certaine des dépôts métalliques. Dans un vieux mur du rempart, que l’on défonça sur cinq mètres de longueur, on trouva une armure rouillée, des armes… Un trou fut creusé dans le parc de l’hôtel, contre le mur mitoyen du cimetière, à trente mètres du caveau du curé. Ne dit-on pas que la cachette pourrait être dans ce caveau à deux compartiments, construit plusieurs années avant la mort de Saunière ? Effectivement, nous avons détecté sur la tombe un point d’impact métallique de forme bizarre, mais une autre tombe donne aussi les mêmes radiations ! Alors ? Quoiqu’il en soit, la fosse creusée dans le parc, profonde de deux mètres, ne livra qu’un dépôt ferreux non identifiable !”
Au vrai, le butin total recueilli par Charroux et son équipe sur le site de Rennes ne fut pas à la hauteur des espérances. En tout et pour tout, le détecteur n’a permis la découverte que d’une douzaine de pièces d’argent et de bronze, ramassées le long des remparts et en pleine terre. Encore ne s’agissait-il, sans doute, que de monnaies éparses provenant de très anciennes tombes. Interrogé par la suite sur ses fouilles à Rennes-le-Château, Robert Charroux émit quelques réserves : non pas sur l’existence du trésor, mais sur les véritables intentions de Noël Corbu.
“Nous n’avons pas trouvé ce que nous cherchions, s’épanche Robert Charroux. Nous avons dépensé beaucoup de sueur. J’ai des photos de Robert Arnaud (avec qui je travaillais à ce moment-là à la R.T.F.) piochant comme une brute et disparaissant entièrement dans le trou. Aujourd’hui, je soupçonne Noël Corbu, qui était un homme tout à fait charmant, de nous avoir aiguillés sur une fausse piste ou, pour le moins, sur une piste annexe… Il connaissait mieux que quiconque l’histoire de Saunière et du fameux trésor. Il s’était beaucoup investi dans la découverte de ce dernier. Si vraiment il avait voulu participer totalement avec nous à cette recherche, compte tenu de l’équipement dont nous disposions, je crois que nous aurions pu aboutir.”