Les époux Carrère dormaient dans leur ferme, à Rennes-les-Bains, lorsque cinq individus firent irruption dans la maisonnée. Ils étaient armés. Dans la chambre, ils menacèrent les époux, qui s’habillèrent à la hâte. Il y eut un flottement de la part des agresseurs, ce qui donna le temps au mari de sauter par la fenêtre et d’atteindre la rivière.
Restée seule, la malheureuse femme se vit enjointe de révéler l’emplacement de ses économies. Désespérée, elle fouilla dans un placard et extirpa d’une boite cinquante billets de mille francs !
Puis, ses agresseurs lui demandèrent où elle remisait ses bicyclettes, la sienne et celle de son mari. Mme Carrère le leur dit. Si quatre des hommes en présence s’en allèrent, le cinquième, celui qui semblait commander les autres, s’immobilisa et, alors, fit feu sur la femme avec sa mitraillette. La victime s’écroula, mais respirait encore. L’assassin quitta enfin les lieux.
M. Carrière, lui, s’était précipité à Rennes-les-Bains et avait fait téléphoner à la gendarmerie. On retrouva Mme Carrère gisant dans son sang, mais bien vivante.
L’enquête des gendarmes ne donna pas beaucoup de résultat jusqu’en 1950, date à laquelle un ouvrier agricole, du nom de Thérez, fut retrouvé mort du côté de Limoux.
Des policiers de Toulouse firent le lien entre ce crime, un autre qui s’était produit le 29 juin 1944, dans un bois proche d’Albières (canton de Mouthoumet); enfin, l’agression mortelle de Rennes-les-Bains, dont avaient été victimes les époux Carrère.
Ce constat admis, on put appréhender quatre individus, parmi les cinq identifiés, auteurs de ces méfaits. Quatre Espagnols déjà connus défavorablement des services de Police. Le cinquième, cependant, échappait aux investigations.
Finalement, il fut « logé' » en Lozère, habitant avec sa compagne à Meyrueis. Aux policiers, il présenta de faux papiers, mais c’était bien l’individu recherché : Rojas Justo Perez, né en 1905, à Mossejar del Tago (Espagne).
Déféré, il fut incarcéré à la prison de Carcassonne, pour répondre des crimes d’Albières et de Limoux, ainsi que de la tentative d’assassinat sur Mme Carrère à Rennes-les-Bains.
Son procès fut instruit en 1952, mais j’en ignore le verdict.
D’après un article de DÉTECTIVE n° 266, 6 août 1951.