Nicolas Pavillon (né en 1597) fut évêque d’Alet, de 1639 à 1677, le 8 décembre, (date de son décès). Se disant “évêque de village”, il se fit remarquer par sa piété austère, sa défense des faibles (il secourut une femme accusée de sorcellerie dans le Capcir) et s’opposa énergiquement aux exactions de certains nobliaux locaux, dont la famille d’Hautpoul n’était pas en reste. Enfin, il tint tête à Louis XIV au sujet de la Régale, qui permettait au roi de s’approprier les revenus d’un évêché vacant.
Ci-après son testament par lequel, notamment, il recommandait de ne graver aucune épitaphe sur sa pierre tombale.
Testament de messire Nicolas de Pavillon, évêque d’Alet, décédé dans sa maison épiscopale, le 8 décembre 1677.
Au nom du Père, & du Fils & et du Saint-Esprit.
Je, Nicolas, indigne Evêque d’Alet, ai fait mon testament comme s’ensuit :
Je remets mon âme entre les main de Dieu, mon Créateur ; afin qu’après ma mort il daigne la recevoir dans sa gloire, par les mérites infinis de Jésus-Christ mon Rédempteur, implorant à cet effet les intercessions de la glorieuse Vierge Marie, mère de Dieu, et de tous les anges et saints de Paradis.
Je proteste à la face de toute l’Eglise militante et triomphante, que je veux vivre et mourir dans la très sainte foi de l’uniquement vraie religion catholique, apostolique et romaine. Je ne veux point que mon corps soit ouvert après ma mort, & je désire que mes obsèques se fassent bien simplement, sans appareil, seulement selon les saintes cérémonies de l’Eglise.
Je remets ma sépulture au pied de la Croix du cimetière d’Alet et de l’Eglise paroissiale Saint- André et n’entend point qu’on mette sur ma sépulture aucune tombe ni épitaphe.
Je supplie mes exécuteurs testamentaires ci-après nommés, de vouloir incontinent après mon décès me recommander aux prières des gens de bien, spécialement des bons et vertueux ecclésiastiques et religieux. Je remets à leur prudence et charité, de régler les services et nombre de messes qui se diront pour le repos de mon âme.
Je désire que toute ma famille soit nourrie pendant trois semaines après mon décès, aux dépens de ma succession, dans la maison épiscopale. Je donne et lègue aux jeunes garçons qui sont à mon service sans gages, lors de mon décès, à chacun d’iceux vingt-cinq écus par an, à compter de leur entrée à mon service jusqu’au jour du décès. Et je désire qu’en se retirant, ils soient habillés d’une manière modeste, non toutefois de deuil. Et pour les autres domestiques qui sont à gages, autres toutefois que mes officiers de justice auxquels je donnais des appointements, je leur donne et lègue à chacun une année entière de leurs gages, outre et par dessus ce qui pourra leur être dû lors de mon décès.
Je donne et lègue au Chapitre de mon église cathédrale les quatre chandeliers et le petit bassin de la chapelle de vermeil doré pour achever l’entière chapelle qu’il y a déjà.
Je donne et lègue la somme de mille livres pour une fois payée au Séminaire que j’ai établi dans cette ville d’Alet, pour aider à continuer les exercices, spécialement durant la première année de mon décès, désirant que cette somme soit spécialement employée à l’entretien des pauvres séminaristes qui se trouveront lors de mon décès ou qui serait reçus e suite pour servir les églises de mon diocèse.
Je donne et lègue à chacune de mes simples anciennes régentes de la maison d’Alet, qui y seront lors de mon décès la somme de 200 livres pour une fois payée, pour aider à les entretenir dans la faction de régence et école chrétienne dans mon diocèse durant les deux premières années après mon décès. Je les exhorte de continuer leur emploi dans les paroisses de mon diocèse avec l’agrément et l’approbation de ceux qui auront l’administration dudit diocèse pendant la vacance du Siège, et je supplie mes successeurs de les voir conserver et protéger, ayant reconnu dans le cours de mes visites les fruits des instructions, qu’elle font aux personnes de leur sexe. Pour le plus des biens qui pourraient rester, les susdits légats exécutés et les charges déduites, en quoi qu’elles puissent consister, droits, noms, raisons et actions.
J’ai fait mes héritiers universels les pauvres de mon diocèse, pour leur être distribué pendant les deux années après mon décès, ou plutôt s’il se peut, en la manière qu’il sera jugé de plus convenable, eu égard aux nécessités les plus pressantes et plus importantes. Et pour faire, tant la dite distribution de mes biens, que pour procurer l’exécution du contenu en mon présent testament, je nomme messieurs Simon Pelissier, archiprêtre d’Alet, Jean Ragot, chanoine et archidiacre, Louis d’Uvaucel, chanoine et théologal de la même Eglise, et Charles Feideau, ecclésiastique, lesquels je supplie de vouloir accepter cette charge, ne voulant point qu’ils soient obligés d’en rendre compte à qui que ce soit de l’administration, parce que je me confie pleinement à leur fidélité et charité.
Je révoque tout autre testament et codicille, voulant et entendant que ce présent testament écrit et signé de ma main ait son plein et entier effet, comme contenant mes dernières volontés.
Je prie Notre-Seigneur Jésus-Christ de l’avoir pour agréable et de le faire réussit à sa gloire.
Fait à Alet, dans notre maison épiscopal, le 9 octobre 1676
Nicolas de Pavillon, évêque d’Alet.
Ce n’est pas UNE femme, mais trente-deux femmes que Nicolas Pavillon a secouru dans le Capcir .
Quand à sa tombe qu’il a voulu sans épitaphe, paraît-il qu’il y aurait tout de même une inscription, mais retournée côté caveau et donc non visible.