A la fin des années 1980, Gérard Dutriat, qui fut parmi les premiers adeptes du trésor de Rennes-le-Château, celui-là même qui découvrit le cryptogramme Sot Pêcheur, m’invita à visiter les ruines de Saint-Pierre-d’Alaric, entre Moux et Fontcouverte, afin de vérifier la légende selon laquelle le roi wisigoth Alaric II y aurait été enterré dans une grotte avec tous ses trésors.
Muni de son Dowser (une version améliorée de la baguette du radiesthésiste), il se positionna à divers endroits du site pour mieux en retrouver les secrets. Sans résultat ! Mais, qu’importe… Ce furent deux heures réjouissantes, avec le soleil pour témoin.
L’Histoire nous apprend qu’en 507, Clovis livra bataille aux Wisigoths, du côté de Vouillé, près de Poitiers. Leur chef, Alaric II, y fut même tué dans la mêlée. Racontée par Grégoire de Tours, cette bataille est aussi évoquée par Procope, dans sa Guerre des Goths.
C’est à partir de son récit que se crée une confusion. Une erreur de copiste a porté l’affaire du côté de Carcassonne. Si bien que toute cette zone montagneuse longeant la voie romaine avec pour étapes Capendu et Moux, a pris le nom de “Montagnes d’Alaric”.
Les châteaux de Miramont et de Saint-Pierre pour fleurons, il n’en fallut pas davantage pour que se corse une légende relative au tombeau d’Alaric et ses trésors enfouis. Là-bas, on vous racontera volontiers que ce roi goth y fut inhumé avec tous ses trophées et ses éléphants. Depuis, on répète volontiers qu’entre l’Alaric et l’Alaricou, il y a la fortune de trois rois. *
Si tout le monde semble d’accord pour situer l’Alaric du côté de Barbaira, avec pour épicentre les ruines de Miramont, il en est autrement de l’Alaricou, que certains localisent dans les parages des ruines de Saint-Pierre.
Méfiance tout de même ! Le docteur Paul Courrent, qui s’est penché sur la question **, a fait part de ses doutes quant à l’antériorité du château de Saint-Pierre. Rien ne permet de le dater en deçà du XIIe siècle ! D’ailleurs, les ruines qui en subsistent sont-elles même celles d’un château ? Ce serait, en fait, les derniers décombres d’un prieuré fortifié.
* Sur l’étymologie de “l’Alaric et l’Alaricou” voir la petite étude qu’en a fait Michel Azens : I C I
** Bulletin de la société d’études scientifiques de l’Aude, année 1934, t. 38, pp. 26-28.